Samedi 6 décembre, six élèves du collège Guillaume Vento ont participé aux commémorations des 120 ans de la Laïcité et ont de ce fait honoré Monsieur Ferdinand Buisson, artisan de la mise en oeuvre de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat.
Les élèves ont débuté par la lecture d’un discours sur l’attribution du prix Nobel à Ferdinand Buisson en 1927. Après les allocutions de personnalités locales et nationales, la cérémonie s’est poursuivie au cimetière de Thieuloy Saint Antoine (Oise) où une stèle a été dévoilée rendant hommage à Ferdinand Buisson et à son combat pour la laïcité.
L’après midi, les élèves se sont rendus à Creil pour assister à une conférence du philosophe Henri Pena-Ruiz où ils ont pu présenter leur micro trottoir : « qu’est ce que la laïcité » réalisé dans les rues de Menton.
Les élèves ont passé une journée riche en enseignements et ont pu apprécier la reconnaissance qui a été apportée à leurs travaux et à leurs interventions.
Merci au département 06 pour l’aide de financement pour ce projet si important.
Joris et Yanis : « ce week-end a été riche en émotion. Nous en avons même profité pour aller visiter Versailles! »
Lors de la commémoration, les adultes ont été très contents de notre présence, nous ont beaucoup remerciés et ont même applaudi notre micro-trottoir. Nous espérons pouvoir continuer ce projet avec eux et nos professeurs!
DISCOURS DES ELEVES
« Bonjour à tous,
Mesdames, Messieurs,
Nous souhaitions d’abord remercier le Cercle Ferdinand Buisson et Mr Dumont de nous avoir conviés ce jour pour commémorer les 120 ans de la laïcité et la mémoire de Ferdinand Buisson. En tant que collégiens, chaque jour quand nous franchissons la porte de nos salles de cours, la Charte de la laïcité, affichée sur les murs, nous rappelle à ce principe fondamental : « La République est laïque » et « La Nation confie à l’Ecole la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République ». A ce titre, célébrer aujourd’hui la mémoire de Ferdinand Buisson, c’est poursuivre la transmission de ces valeurs.
Acteur majeur de la laïcité à l’école, pédagogue et homme politique, il a marqué l’histoire de notre République de son empreinte sans pour autant accéder à la reconnaissance de figures plus emblématiques comme Jules Ferry notamment. Aussi, nous avons choisi de le mettre en lumière à travers un moment marquant de son parcours : l’obtention du prix Nobel de la paix en 1927.
Tout au long de sa vie, Ferdinand Buisson n’a eu de cesse de défendre la paix et le respect des droits de l’homme. Au sein de La ligue des droits de l’homme, il a milité dès 1916 pour la création de la Société Des Nations, prémices de l’ONU. Une organisation qui viserait à prévenir les guerres en optant pour un règlement pacifique des conflits. Une organisation qui garantirait aussi la sécurité des États en la dotant de pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires afin d’imposer le respect des droits d’un État en cas d’agression.
Par ses nombreuses publications et conférences, il trace alors les contours de cette institution de la paix ; une paix indissociable de la justice. En effet, il affirme que la paix ne peut être acquise sans une Société des Nations qui soutient la justice et la dote des leviers nécessaires à l’exécution de ses décisions. Quiconque s’y opposerait se verrait alors mis à l’écart de la communauté internationale.
La Société Des Nations verra finalement le jour au lendemain de la 1ère guerre mondiale par le biais du Traité de Versailles en 1919. Cependant, Ferdinand Buisson se montre critique face au Traité dont il déplorequ’il condamne unilatéralement l’Allemagne, faisant ainsi abstraction de la notion de justice. Il ne remet pas en cause les réparations financières assignées à l’Allemagne mais regrette qu’elle soit considérée comme SEULE responsable du conflit. Il n’hésite pas à s’exprimer en faveur de la paix lors de nombreuses interventions publiques comme lors du 24ème congrès de la paix de Berlin quitte à s’exposer, notamment, aux menaces de nationalistes allemands. Il défend inlassablement la paix, qu’il lie étroitement à la nécessité d’égalité face à l’instruction des peuples.
En 1927, point d’orgue de ce combat, Ferdinand Buisson reçoit le prix Nobel avec Ludwig Quidde, une des grandes figures du mouvement pacifiste allemand. En liant ces deux hommes l’académie suédoise entend plaider pour un rapprochement franco-allemand. Cette récompense permet de reconnaître Ferdinand Buisson et à travers lui sa conviction que la paix ne peut s’obtenir que par l’éducation. A titre d’anecdote, il choisira d’ailleurs de verser les fonds reçus grâce à son prix au ministère de l’Instruction Publique et au financement de bourses et projets pacifistes.
Au regard des tensions et fractures que traverse notre monde contemporain, la pensée et les combats de Ferdinand Buisson résonnent particulièrement. Honorer Ferdinand Buisson c’est lui redonner la place qu’il mérite et nous rappeler l’extrême fragilité de la paix et la nécessité d’encourager l’éducation et le dialogue, seuls remparts contre l’ignorance et le rejet de l’autre.
Au travers de cette célébration, nous ne pouvons que constater que les combats de Ferdinand Buisson sont toujours au cœur de notre société. Il est primordial de continuer à défendre la laïcité, dans sa dimension émancipatrice, notamment à l’école. Une Ecole, qui s’inscrit comme un espace de liberté, de respect des autres et des valeurs communes. Un lieu de mixité où l’individu, en construction, peut se former, s’exprimer et développer son libre arbitre.
Aussi, à nous désormais, de porter au plus haut ces valeurs de vivre ensemble.
Merci. »





